Un de nos membres les plus actifs, effectuant des recherches familiales, a déniché dans le journal La Dépêche du 16 mars 1908, une lettre qu'un jeune quesnoysien, blessé dans la campagne de
1908 pour conquérir la région de Casablanca, a écrite à ses parents. Le journal la commente ainsi: "Cette correspondance est réconfortante, elle fait ressortir l'état d'âme d'un vrai
soldat français et sera lue avec plaisir".
" Hôpital militaire de Casablanca, 4 mars
Mes Chers Parents,
Je vous écris ici car j'ai été blessé au combat où je me suis très bien battu et où j'ai tué un Marocain.
Ne vous inquiétez pas pour moi car ma blessure sera vite guérie; mais comme c'est au côté on me défend de bouger et je dicte ma lettre à une dame infirmière de la Croix-Rouge qui est ici.
On était à 10 mètres des Marocains. Mon officier a été blessé aussi. Il y a eu des morts. Vous devez remercier Dieu que je sois resté vivant et être contents de savoir que j'ai bien rempli mon devoir.
L'hôpital a beaucoup de soleil, on est bien soigné, on est même gai et on s'aime bien les uns les autres.
Écrivez moi, je serai content d'avoir de vos nouvelles, de savoir ce que font mes petits frères et mes petites sœurs.
Vous devez être contents que votre fils ait été blessé au service de la France. Bientôt je vous écrirai moi-même. Un caporal atteint dernièrement comme moi a été promptement remis sur pied.
Je pense bien à vous, j'attends impatiemment de vos nouvelles et vous embrasse de tout mon cœur.
Votre fils, Louis Desmarais "
Cette lettre témoigne à nos yeux d'un patriotisme naïf et cocardier, mais en même temps émouvant, caractéristique de l'époque, ainsi que
de l'illusion coloniale qu'illustre aussi une autre page de journal, reproduite ci-après.
La mission civilisatrice de la France au Maroc: illustration de 1911, après les accords avec l'Allemagne qui laissent
aux Français les mains libres pour achever leur colonisation (à gauche, document Wikipedia)
Un marché à Casablanca: cette photo de 1908 montre une reprise de la vie dans la cité, mais aussi les traces du bombardement par
la marine française (à droite, document Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme)
La campagne du Maroc au début du XXème siècle est une des dernières opérations qui créent l'empire colonial français. La conquête du pays, partagé entre la France, sous le régime du protectorat, et l'Espagne, ne fut pas une
partie de plaisir; elle s'est étendue sur une trentaine d'années, et a fait globalement plus de 100 000 morts.