Pourquoi cette date, qui ne semble pas particulièrement marquante pour Quesnoy comme pour la France? C'est le hasard des trouvailles, qui doit nous rendre prudents vis à vis de
conclusions (trop) rapidement tirées d'un document isolé,
surtout dans les périodes historiques les plus reculées.
Heureusement ici, l'annuaire statistique du département du Nord, trouvé par un de nos adhérents les plus actifs dans une braderie, était publié régulièrement.
Le nom de son auteur, Sébastien Bottin, est d'ailleurs devenu un nom commun à l'époque, révolue depuis peu, des annuaires téléphoniques papier. Il était lorsqu'il réalisa cet ouvrage
secrétaire général de la préfecture du Nord, ayant préféré l'administration et ses statistiques à l'état ecclésiastique qui était le sien avant la Révolution. L'édition 1811 de l'annuaire,
dont les renseignements datent pour l'essentiel de 1810, voire un peu avant, nous permet donc d'avoir une vue globale
de notre ville sous le Premier Empire, telle du moins que la perçoivent les autorités politiques.
L'annuaire de S. Bottin est très complet, donnant des renseignements géographiques et démographiques, et même, en accompagnement du calendrier,
botaniques et météorologiques. Cela nous montre l'établissement d'un État soucieux de connaître finement son territoire, État mis en place par la Révolution et
développé par Napoléon 1er. Un État qui réglemente
beaucoup.
En ce qui concerne la religion catholique, très dominante dans la population, un "conseil de fabrique" de 5 membres choisis parmi les notables catholiques
(nombre standard pour les communes de moins de 5000 habitants), plus le maire et le curé, s'assemble 4 fois par an, le 1er dimanche de chaque trimestre.
C'est très codifié! Les membres étaient nommés par le préfet, signe là encore d'un État voulant régenter même les affaires religieuses. Il existe aussi un bureau des marguilliers, dont la composition est précisément définie, qui se réunit tous les mois et a une place désignée dans l'église: le banc de l’œuvre, devant la chaire. Ils étaient chargés de l'administration des biens de la paroisse et de
l'entretien de ses locaux. 3 marguilliers font aussi partie du conseil de fabrique.
Cet extrait de plan cadastral de Quesnoy montre le centre ville à l'époque de l'annuaire. On y voit clairement la rue BelleCroix,
tortueuse et bordée de maisons de chaque côté, débouchant en bas sur la place des Moulins et la Deûle. L'emplacement du château (pas encore complètement rasé?),
entouré par la rivière, est bien marqué. Le plan a été levé entre 1812 et 1815 par deux géomètres missionnés par la préfecture.
(Archives départementales)
Quesnoy se trouve sur la route de 3ème classe de Lille à Ypres dont pour 15 592 m (belle précision!), sans doute la partie qui se trouve sur le territoire du Nord, il n'y a plus rien à faire. Aujourd'hui cette route traverse une frontière, mais en 1811 la Belgique est française et départementalisée. La ville compte, au recensement de 1806,
4081 habitants, 846 maisons, 862 ménages. Elle bénéficie d'un marché, le jeudi.
Pour le canton, le juge de paix est Brisoux, avec comme 1er suppléant Bonduel-Cappart, comme 2ème Clarisse. Le greffier est Pouillier, le notaire Marchand, le curé Deleruyelle,
le percepteur Lepercq, les gardes (champêtres) Dhalluin et Leterme.
Une diligence assure un service de voyageurs de Lille à Comines, via Quesnoy, les lundi, mercredi et samedi. Elle partait de Lille à 4 heures de l'après-midi.
On y apprend, ce qui a dû provoquer comparaisons et jalousies, que Quesnoy a payé 25 412 F de contributions directes (en 1810) et 1854 F de
patentes (en 1808, les statistiques pouvant déjà présenter un peu de retard...).
L'annuaire mentionne aussi, sous l'appellation d'éphémérides, des événements locaux
le 25 juillet 1809, le sauvetage d'un enfant de 5 ans tombé dans la Deûle près du moulin, par P.F. Duthoit, ouvrier fouleur
le 26 avril 1810, le préfet a approuvé l'interdiction par le maire des toits de chaume dans la partie urbanisée, ceci pour diminuer les risques d'incendie. Quesnoy est alors la première
commune à prendre une telle décision. Elle sera imitée par d'autres.
En rapport avec le 1er événement, il est mentionné aussi que Quesnoy possède, pour le secours aux noyés, une boîte fumigatoire, sorte de boîte de premiers secours, implantée à la mairie
alors située Place des Moulins, à proximité de la Deûle. Ce nom surprenant vient d'un procédé qui fut à la mode, mais ne serait guère apprécié par la médecine d'aujourd'hui, de fumigation rectale à base de
tabac, décrit dans la très officielle note adressée aux préfets le 22 mai 1800 par ucien Bonaparte,
frère de Napoléon et ministre de l'Intérieur
Document BNF - Gallica
Document BNF - Gallica