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Léontine Lebrun, une grande dame de Quesnoy , décédée le 6 mai 1993 à 97 ans, était de son vivant la mémoire de Quesnoy, et reste notre principale source d'information sur ce qui s'est passé dans la commune en 1914-18. Née à Quesnoy, fille d'un négociant, Léon Lebrun, elle reçoit l'éducation classique d'une jeune fille de la bourgeoisie. Classique ? Peut-être pas tant que cela car elle bénéficie d'une instruction assez poussée, avec notamment des langues étrangères, ce qui lui servira plus tard.

La guerre de 1914-18 va la marquer profondément. Lors de l'occupation allemande, la grande maison des Lebrun doit loger des officiers, tandis que Léon Lebrun, une des personnes en charge du ravitaillement de la commune, doit composer avec l'autorité occupante, ses réquisitions et ses tracasseries. La jeune fille de 20 ans tient un journal. Elle est animée d'un vif patriotisme, mais elle sait faire preuve d'un recul rare à l'époque et ne considère pas les Allemands en bloc comme des monstres barbares.

Évacués d'office en juin 1917, leur maison détruite comme 95% de Quesnoy, les Lebrun reviennent près de Quesnoy dés le printemps 1919, et suivront de près la reconstruction. Léontine collecte avec soin journaux, livres, cartes postales et autres documents, y compris en allemand, en anglais et en néerlandais, relatifs à la Grande Guerre. Elle a des contacts internationaux, par exemple, et c'est étonnant dans le contexte des années 20, avec des familles allemandes dont un membre tué à la guerre est enterré à Quesnoy. A partir de ses contacts anglais, elle va essayer de faire "adopter" Quesnoy par une ville anglaise, procédure permettant à une ville sinistrée d'engranger des fonds. Sa tentative auprès de Manchester n'aboutira pas, mais doit être portée à son crédit. Pendant la 2ème guerre mondiale, elle s'engage comme infirmière (on la voit ici photographiée en tenue, en 1930).

Après la seconde guerre mondiale, célibataire et fortunée, elle joue le rôle d'historien local, correspondant avec de nombreuses personnes ayant joué un rôle à Quesnoy pour obtenir des renseignements précis sur tel ou tel point, suivant de près la vie locale, élargissant ses centres d'intérêt avec toujours 2 pôles principaux : la première guerre mondiale et les affaires religieuses. Elle contribuera fortement à la création des Amis de Quesnoy (qui lui consacreront une exposition 10 ans après son décès) en 1973, écrira quelques années plus tard une série d'articles dans le journal municipal sur la vie à Quesnoy pendant la guerre de 1914-18. Active jusqu'au bout, elle se rendra en mairie, en avril 1993, pour y voir les maquettes réalisées par un autre passionné d'histoire locale, Maurice Vantorhoudt, et adressera au maire une lettre de remerciements et de suggestions concernant la mémoire de cette histoire locale. Sa longévité, son caractère bien trempé, ont marqué les esprits. Mais c'est désormais le "fonds Lebrun" intégré aux archives municipales, riche de milliers de documents, mine pour les historiens locaux, qui perpétue sa mémoire.

Merci à elle d'avoir conservé tant de documents du passé pour l'avenir !